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De Suisse en Turquie par les Balkans, Partie 2

  • Photo du rédacteur: Josué Maechling
    Josué Maechling
  • 2 nov. 2021
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 nov. 2021

Etape 7 : L'Albanie, je migre en sens inverse


Aucun touriste, auberges en faillite ? J'ai traversé toute la ville pour en trouver une. Finalement j'en trouve mais je ne suis pas seul. Quelques migrants sont là. Mais minute après minute, de nouveaux arrivent, ils se donnent le mot. À la nuit tombée, l'auberge est pleine à craquer. Le patron n'est pas trop fan d'eux et me dit qu'ils paient mal. Il fait quand même des affaires.

Je partage mon dortoir avec des syriens. Des marocains et irakiens sont à l'étage du dessus. Les syriens m'invitent à manger avec eux les plats qu'ils ont cuisiné mais préfèrent que j'utilise ma main droite pour manger alors que je suis gaucher. Dans l'Islam la main gauche c'est pour s'essuyer aux toilettes, la droite pour manger. Règle de propreté logique, et c'est bien sûr accepté de faire l'inverse pour les gauchers mais ils ont dû louper cette leçon à l'école, ou alors il n'y a pas de gauchers en Syrie.


Chaque groupe me dit de me méfier des autres groupes, personne ne s'aime vraiment ici. Les locataires ici sont différents des précédents migrants que j'ai rencontrés. Les regards de certains semblent traduire une propension pour les coups fourrés. Ce n'est peut-être que mon instinct mais une chose est sûre : la salle de bains a du mal à supporter autant d'occupants. J'essaierai de changer d'auberge demain. Le dernier à se coucher ferme la chambre à clé.


Aujourd'hui, je rends un petit service. Pour financer la suite du voyage sans papiers (taxi complice jusqu'à la frontière avec le Kosovo puis "randonnée" puis re-taxi complice), les amis des migrants syriens qui ont un travail en Allemagne leur envoient de l'argent via Western Union, qui au passage prennent un maximum de frais. Seul hic : il faut un passeport pour récupérer l'argent. Je me dévoue et après plusieurs heures ils ont enfin leur argent. C'était aussi long car un de leurs amis a échangé mon nom et prénom… Ils me proposent 10€ pour m'indemniser, je refuse, mais ils m'invitent quand même à manger.


La recherche d'auberge continue. J'en ai trouvé une et je téléphone. On me dit qu'elle est fermée mais qu'on peut faire une exception. J'obtiens même une chambre privée !


Tirana en Albanie, Albania. Main square, place principale. Musée histoire albanaise. Historic museum.
Musée sur l'histoire albanaise, place Skanderberg, Tirana

L'exploration de la ville continue le jour suivant. Je décide d'appeler la compagnie de ferries, je veux m'assurer de pouvoir en prendre un. On me dit qu'il me faut une autorisation de l'ambassade de France. On me répond à la sonnette que c'est celle d'Italie que je dois consulter. À celle d'Italie, on me dit qu'ils ne peuvent rien faire. Après réflexions et tentatives, la traversée tombe à l'eau.

Je pourrais aller jusqu'au port et insister là-bas mais un nouveau plan germe dans ma tête : la Grèce. Une amie grecque rencontrée en Angleterre est à Thessalonique et je pourrais aller la voir. Même si on n'est pas très proches, c'est une bonne excuse pour voir la région.

Je continue à y réfléchir et fait plusieurs va-et-vient jusqu'à la gare des bus pour trouver le précieux sésame difficile à trouver sur internet.


Je me rends un matin à 5h pour prendre le bus tant recherché allant directement à Thessalonique en Grèce. Il s'agit probablement de ma dernière et seule opportunité de quitter le pays. Aucune compagnie n'a prévu de prochain bus les jours suivants : la rumeur circule que l'Albanie va refermer ses frontières. En effet le relâchement des règles était total et une flambée de nouveaux cas fait son apparition.

Je découvre un autre bus qui s'apprête à partir mais pour le nord de l'Italie. J'hésite brièvement à le prendre. Je me renseigne sur le prix : 100€. Vu la distance à parcourir c'est correct. Mais j'ai seulement retiré le montant nécessaire pour aller jusqu'à Thessalonique et je ne me promène jamais avec plus de cash donc je n'ai même pas d'euros. Une erreur direz-vous ? Serais-je rentré si j'avais retiré suffisamment d'argent ?

Connaissant ce que j'ai vécu après, je ne regrette absolument pas mon geste.


C'est parti pour la Grèce, long trajet en perspective. Arrêt à la frontière, tout le monde descend pour faire vérifier ses papiers. Jusqu'ici, la routine. C'est mon tour. Le douanier appelle son collègue, puis se déplace vers le bureau. Tous les autres passagers sont des travailleurs albanais rejoignant leur lieu de travail en Grèce, je me dis que la procédure est légèrement différente pour moi.

Différent c'est le cas de le dire. On revient vers moi en m'annonçant que je ne peux pas passer. Quoi ? J'avais pourtant regardé les conditions d'entrée en Grèce, pas très bien indiquées je dois dire, mais qui autorisaient les citoyens européens à accéder au territoire. Je demande plus d'explications, un douanier albanais m'amène voir un douanier grec. Celui-ci m'annonce que je peux rentrer en Grèce depuis l'Albanie…mais qu'en avion !! L'excuse bidon donnée est qu'il y a des scanners de température à l'aéroport grec pour mieux recevoir les touristes. Pas besoin de cette excuse, j'ai bien compris qu'il y a une volonté de limiter les flux de personnes.


J'ai le "choix" : rentrer définitivement, revenir à Tirana et prendre un avion vers la Grèce, essayer de rentrer via un pays de l'UE. Le bus ne va certainement pas m'aider, il est déjà parti sans moi. Me déplacer depuis ici me coûterait une fortune, il n'y a que des taxis dans le coin. Une dernière possibilité s'offre toutefois à moi, vous la voyez ?

Pendant tout ce temps j'ai parcouru en sens inverse le chemin que les migrants empruntent. Il est temps que je fasse un peu plus. Le poste frontière est dans un creux de vallée, il doit bien y avoir un moyen de le contourner. Je regarde les chemins de randonnée sur ma carte hors ligne. Il semble y avoir quelque chose, il faut quand même marcher une vingtaine de kilomètres pour que j'atteigne le prochain village grec où je pourrai peut-être trouver un transport. Je n'ai aucun entraînement, une seule gourde et mon gros sac à dos à porter avec mon ordinateur dedans. Mais il fait un temps parfait, pas trop chaud, les collines ne sont pas trop escarpées (les montagnes sont plus au nord) et surtout je peux me ravitailler en eau maintenant aux toilettes.


J'en profite pour me brosser les dents. Avec si peu d'eau je me prépare à ne respirer que par le nez pour limiter les pertes.

12h45 : Je rebrousse chemin pour retrouver le sentier grimpant sur la colline. Je fais attention à ne pas me faire repérer et commence tranquillement ma randonnée.

J'atteins la frontière, en haut de la colline. Une antenne relai sert de limite. Je me retourne pour profiter du paysage avant de faire mes adieux à l'Albanie. Les kilomètres défilent ensuite sur les chemins longeant l'autoroute qu'a dû emprunter mon bus. Les moutons m'annoncent ma proximité avec le village. Je me dis que c'est enfin fini, que je vais prendre un bus jusqu'à la ville de Kastoria où j'en prendrai un autre pour Thessalonique.


Montagnes en Albanie, frontière Grèce. Mountains and border.
Les collines albaniennes à la frontière avec la Grèce. J'ai encore mon masque autour du cou.

Etape 8 : Un peu de Grèce ne fait pas de mal


Je fais une pause sur une petite place où je peux me ravitailler en eau. Un homme arrive, un peu perdu, équipé d'un petit sac à dos et de tongs, et essaye de me demander quelque chose. On ne change pas une équipe qui gagne, c'est un migrant irakien cette fois ! Heureusement, j'avais ajouté un clavier en arabe sur mon téléphone et il essaye de traduire. Il n'a pas le temps de finir que la police grecque débarque en voiture. Sans en sortir, ils parlent un peu avec lui avant de le chasser gentiment. Ils semblent avoir l'habitude de s'occuper des sans papiers venant dans la région. Ils me demandent les miens et me demandent d'où je viens. Je dis que je fais une randonnée dans la région et que j'arrive d'un village non loin de la frontière. J'indique que je souhaite aller à Kastoria et ils m'annoncent qu'il n'y a aucun transport public. Le mieux que je puisse faire est d'appeler un taxi et je devrais me dépêcher car les derniers bus pour Thessalonique partent de Kastoria dans une heure.


Je ne suis plus très satisfait de ma situation, Kastoria est à plus de 20km et je suis déjà éreinté. Reprendre après une petite pause est plus difficile que je pensais. Le temps passe incroyablement lentement alors que j'accélère la cadence. Les kilomètres semblent faire de même. Je marche dorénavant sur des routes de campagne et ce n'est pas forcément plus agréable. Je croise un groupe de 3 migrants faisant le chemin inverse alors que la nuit commence à tomber. Les derniers kilomètres sont les plus difficiles. De nuit, les chiens hurlent quand je passe devant leur maison. Je finis par arriver, enfin. Je n'en peux plus, il est 22h15, je viens de parcourir 43km à pied et je veux juste dormir. Il n'y a évidemment pas d'auberge dans cette ville. Je monte sur les hauteurs et passe devant un bâtiment abandonné. Il est bien fermé mais l'entrée couverte est parfaite pour poser mon sac de couchage. Une planche me sert d'intermédiaire avec le sol, couvert de poussière.

Je m'apprête alors à dormir mais j'ai plus de mal que prévu pour trouver le sommeil. Je n'ai pas pris de petit matelas avec moi pour ce voyage et la planche est aussi dure que le sol. Les points de pression avec le corps deviennent rapidement douloureux et il devient difficile de trouver une position durable. Je réfléchis à toutes les techniques possibles pour éviter cela mais j'ai peu de succès.

Ce n'est malheureusement pas mon seul problème. Un chien approche le périmètre du bâtiment et une fois ma présence remarquée, se met à aboyer en continu. Est-ce que je suis en train d'utiliser son abri pour dormir ? Je n'ai clairement pas envie de me lever pour le faire partir. Je me dis surtout qu'il va bien finir par se lasser et partir. Non non non ! Je suis tombé sur le chien le plus têtu que je connaisse. À chaque pause qu'il fait j'ai l'impression qu'il va s'arrêter mais il finit toujours par reprendre.

Le bruit finit par stopper, mais avec un dernier couinement. Comme si une présence encore plus effrayante que moi l'avait fait partir. Je n'ai pas bougé, je n'ai pas de super-pouvoirs donc soit ce chien perd la boule, soit c'est moi qui la perd, soit il y a un plus gros chien pas loin, un autre animal, ou pire : un humain. Tous mes sens sont en éveil, guettant le moindre son émis ou le moindre mouvement. Je suis prêt à bondir de mon sac pour me défendre. Pourtant, rien. Il n'y avait pas de réel danger mais nous les humains aimons le voir là où il n'est pas et l'ignorer là où il l'est. Le jour se lève et j'ai passé une nuit moyennement reposante. Je suis complètement courbaturé.


Lac de Kastoria en Grèce avec sa presqu'île. Lake in Greece with peninsula.
La presqu'île de Kastoria, le lac continue derrière. On dirait presque que je ne suis pas fatigué.

Un peu plus de marche pour visiter la ravissante Kastoria et un bus plus tard, je suis à Thessalonique. La douche chaude et le lit que je trouve dans une auberge de jeunesse sont un plaisir absolu. Le souvlaki d'un fast-food aussi. J'apprends à apprécier les plus petites choses de la vie qu'on ne prend plus la peine de remarquer. Un poil d'inconfort pendant une courte durée chaque année nous permettrait d'apprécier notre confort quotidien tellement plus !

La tour blanche de Thessalonique, Grèce. Thessaloniki white tower, Greece.
La tour blanche de Thessalonique

Je revois mon amie le temps d'une pause déjeuner. Elle n'a pas changé, c'est toujours le sosie de Jennifer Aniston (à l'époque où elle jouait dans Friends).


Je vais où ? J'ai déjà regardé mes options pour rentrer mais elles sont peu intéressantes depuis la Grèce. Vu ma proximité avec la Turquie je me dis que c'est peut-être l'occasion pour moi d'aller jusqu'au bout de l'Europe ! Malheureusement aucun bus ne traverse pour l'instant et marcher ne semble pas être une option non plus. Tant pis pour la Turquie, en revanche je vois qu'il semble plus facile de rentrer en avion depuis la Bulgarie. Je pourrais revenir en Italie facilement puis remonter vers la Suisse.


C'est parti pour la Bulgarie, je prends le bus pour Sofia un matin. Dans le bus je rencontre une dame qui parle parfaitement français. Elle est israélienne d'origine russe vivant à Sofia avec ses deux enfants dont un, Adiel, qui a presque mon âge. Ni une ni deux, elle me propose de rester chez eux à Sofia pour les prochains jours !

C'est exactement ce qu'il me manquait. Voyager longtemps sans vraiment avoir de contact humain et sans rencontrer de nouvelles personnes ne serait pas possible. Je ne pourrais pas rester isolé en solitaire, je passerais à côté du meilleur de cette expérience qui me permet de m'intégrer dans le pays où je suis.



Etape 9 : La Bulgarie, sous-cotée ? Oui


Je passe 4 jours géniaux à Sofia, chaque quartier est scruté. Je prends même de la hauteur : avec les amis d'Adiel on randonne deux fois dans les montagnes au sud de Sofia, autour du pic Kamen Del. La vue sur la ville est si imprenable que je reviens avec des coups de soleil. Adiel et sa sœur posent leur slackline dans un des parcs de la ville toujours animée. J'en profite pour apprendre à en faire avec eux.

J'ai appris qu'il est facile de me rendre à Istanbul depuis Sofia. Les liaisons en bus fonctionnent. Plovdiv est sur la route, c'est une ville qui m'est aussi recommandée et j'y fait donc un stop avant de prendre un bus de nuit pour Istanbul. Dans le bus pour Plovdiv je fais la connaissance d'un couple de français nomades, télé-travaillant ou faisant des affaires sur le chemin.

Plovdiv et ses 7 collines en Bulgarie. 7 hills of Plovdiv
Collines de Plovdiv (je suis sur l'une d'entre elles)

Un mélange d'excitation et de solitude me parcourt. Je suis impatient de découvrir de nouveaux horizons mais c'est souvent aussi satisfaisant de les partager avec d'autres. Il faut quitter des amitiés tout juste formées pour continuer le voyage. C'est une excellente formation pour comprendre qu'il faut profiter au maximum de chaque moment de la vie car ce ne sera pas éternel. Oui je fais aussi de la philosophie.



Etape 10 : La Turquie, entre l'Europe et l'Asie


Istanbul est immense. Sans même que le bus y soit rentré, sa banlieue étirée composée d'innombrables immeubles annonce la couleur. La gare routière indique déjà un changement de continent, et seule l'audition suffit à le réaliser. Des rabatteurs pour les compagnies de bus crient le nom des plus grandes villes turques.

Un trajet en métro plus tard, je me retrouve sur la place Taksim. Beaucoup d'auberges de jeunesse sont présentes dans le coin, beaucoup sont fermées. Je finis par en trouver une, je suis le seul client. Un finlandais ayant passé son confinement en Ukraine sera le deuxième client le lendemain.


Je découvre rapidement mon activité préférée : observer les couchers de Soleil depuis les rives du Bosphore, réalisant que cette jonction entre la mer noire et méditerranée me sépare de l'Europe ou de l'Asie, selon la rive sur laquelle je suis d'un jour à l'autre. J'imagine encore l'activité de la ville au cours des siècles, les navires remontant ou descendant le Bosphore.


Je ne dois pas traîner. Le seul moyen de traverser ce détroit est d'utiliser les transports en communs, le principal et le plus pratique étant le ferry qui s'arrête de fonctionner dès 23h (22h pour beaucoup de lignes). Impossible de traverser à pied, il y a bien des ponts mais ils sont exclusivement pour les véhicules.

J'ai pris un vol retour pour Rome depuis Sofia qui part dans quelques jours. Les vols depuis la Turquie n'arrêtaient pas d'être annulés.

Ayant encore un peu de temps, j'en profite pour me rendre à Bursa, ville d'origine du kebab et ancienne capitale. J'y rencontre deux frères originaires d'ici mais travaillant sur un cargo tout autour du monde. Le cadet est à peine plus jeune que moi mais déjà capitaine. Ils me font découvrir la ville.

Le lendemain matin je vais prendre le petit-déjeuner dans l'appartement familial et je découvre toutes sortes de pains exquis ainsi que la meilleure confiture de fraises que j'ai jamais mangée. C'est l'aîné, cuisinier, qui l'a préparée.


Je retourne à Istanbul et m'en vais tout au nord de la ville jusqu'à Kylios, village au bord de la mer noire. C'est la mer noire. Une mer comme les autres mais je ne peux m'empêcher d'y trouver satisfaction quand je me replace où je suis sur une carte.

Je pensais pouvoir dormir sur la plage avec mon sac de couchage mais j'ai sous-estimé la fréquentation. Au moins même les villages sont un minimum animés en Turquie. J'essaye de passer derrière la plage : toute une rangée de villas de vacanciers sont complètement abandonnées : aucune porte ni fenêtres encore en place. J'en trouve une dans un état correct où le sol n'est pas jonché de déchets. Je prends une porte et la pose contre le sol pour me protéger d'éventuels morceaux de verre, de la poussière et surtout pour être plus confortable car cette porte n'est clairement pas solide et amortit très bien mon dos.

Vue sur la mer s'il vous plaît !

C'est la mer noire et un bronzage raté













Je n'avais pas prévu de dormir là mais c'était pas mal !


Il est temps de rentrer. Dernier coucher de soleil au bord du Bosphore gravé dans ma mémoire. Un bus de nuit fait la liaison Istanbul - Sofia et pour la première fois dans mon voyage, il est complet ! Il fallait réserver en ligne… Vite, il faut trouver un plan B, mon avion part dans 34 heures et il n'y a aucun bus qui fait la liaison entre-temps.

Je vais tenter de me rendre à la frontière en bus à Edirne, marcher quelques heures jusqu'à Svilengrad puis prendre un bus pour Sofia.

Gare routière d'Edirne, à une quinzaine de kilomètres de la frontière. Il est tard, je ne trouverai rien pour avancer, autant dormir un peu sur un banc et trouver du carton demain pour écrire ma destination et faire du stop.

Gare routière d'Edirne

Les véhicules vont trop vite, je ne peux pas en faire ici. Il y a un minibus qui peut m'emmener à la frontière directement. Je m'avance vers les postes de douane, uniquement accessibles par la route. Impossible de passer ! Les douaniers turcs m'annoncent que je ne peux passer leur poste de garde qu'en voiture. Devant l'absurdité de la situation j'hésite fortement à simplement passer en force pour aller voire les douaniers bulgares à la place. Vu la flemme qu'ils ont de m'aider ils n'essaieraient même pas de m'arrêter. Mais je vais essayer de ne pas avoir à recourir à cette solution même si je risque de rater mon bus pour Sofia si ça continue.



Deux policiers essaient de m'aider en me redirigeant vers une dame qui attend une connaissance pour traverser en voiture. On me fait comprendre que je peux attendre avec elle et ses deux amies et que ça devrait aller. Elle a un air de dure à cuire mais pas antipathique pour autant. On ne peut pas vraiment communiquer mais je peux sourire. Un homme finit par arriver, je me prépare à monter pendant qu'on lui explique que je dois les rejoindre à l'intérieur.

Douane Turquie Bulgarie. Border Turkey Bulgaria
Adorable douane turque

Puis… il me refuse car il croit que les douaniers ne me laisseront pas passer. Il doit encore croire que la frontière m'est fermée ! Je commence à être agacé mais une autre femme d'un style plus élaboré arrive vers la douane, petite valise à roulette à la main. Elle se heurte aussi aux douaniers mais trouve plus d'aide que moi en parlant en turc à un conducteur. Après quelques échanges, on se retrouve tous les trois dans la voiture de quelqu'un qui vient faire ses emplettes dans le vaste commerce détaxé entre les deux postes frontières. J'ai finalement trouvé ma sauveuse.

Comble d'ironie, on peut tout à fait passer la douane bulgare à pied. Je vois mon ancien conducteur qui m'a refusé, parqué devant le centre commercial et agite mon passeport en souriant pour lui montrer que j'ai réussi à passer et qu'il n'avait aucune raison de ne pas me prendre.


Elle parle très bien anglais cette fois. Ingénieure en biomédical pour Boston Scientific, elle doit participer à une opération à Sofia et peut donc exceptionnellement entrer en Bulgarie même si les douaniers ont du mal à la laisser entrer (les frontières à ce moment ne sont réouvertes qu'aux Européens). Une fois en Bulgarie, je vois le groupe de femmes de toute à l'heure, attendant un prochain conducteur et les salue en passant même si la jeune turque à mes côtés me le déconseille. Ces femmes sont en fait gitanes et peu appréciées des autres populations ici. Rien à faire, je dis quand même au revoir tout en souriant.


Elle devait prendre l'avion depuis Istanbul mais au moment d'embarquer Turkish Airlines l'a refusée car ils n'ont pas accepté son autorisation spéciale. On se retrouve donc à faire le même trajet. Une collègue est censée venir la chercher avec sa voiture dans plusieurs heures pour retourner à Sofia ensuite. Elle me propose de venir si je peux attendre et j'accepte volontiers de patienter. Ouf, je peux tranquillement arriver le soir à l'aéroport et y attendre mon vol du matin pour Rome.



Etape 11 : Rome, la chaleur revisitée


Etape 12 : Florence, de la pire nuit à la meilleure pizza

Etape 13 : Pise en 10 minutes

Etape 14 : Cinque terre, superbe nuit dans les vignes

Etape 15 : San Marino

Etape 16 : Ventimiglia, suite et fin

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